Page:Hope - L’Étoile des fées, trad. Mallarmé, 1881.djvu/43

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’épouser ; il fit de moi, dans sa vengeance, ce pauvre petit poisson persécuté, disant que je serais poursuivie par des monstres voraces, jusqu’à ce qu’un mortel plonge au fond de la mer et se détourne de sa route pour me sauver, évènement par lui jugé si invraisemblable qu’il me croyait à jamais vouée à ce sort affreux. Ma gratitude est trop grande pour que je l’exprime par des paroles ; mais je puis vous être de quelque usage ; et ai-je besoin de vous dire que tous mes services sont à vos ordres ? »

Le Prince avait jusque-là regardé la dame des eaux avec surprise et admiration ; mais ce discours lui remit à l’esprit l’importance qu’il y avait à mener promptement son entreprise, dont il lui expliqua l’objet en peu de mots. Elle répondit : « Je ne vous retiendrai pas plus longtemps. Suivez-moi, je vous guiderai et vous aiderai. »

Ils causaient agréablement, tout en nageant, la distance se faisant de moins en moins grande ; et ils arrivèrent à un vaste portail, qui paraissait trop lourd pour s’ouvrir. La nymphe sonna hardiment, et la cloche fit un bruit qui ressemblait au tonnerre ouï sous la mer. Les portes pesantes, semblables à celles d’une prison, s’ouvrirent immédiatement et, à l’entrée, se tenait un animal aux proportions énormes ;