Page:Hope - L’Étoile des fées, trad. Mallarmé, 1881.djvu/93

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Sur sa couche voluptueuse étendue, un repos céleste l’envahit, tandis qu’elle regarde danser les belles Fées symétriquement au-dessous d’elle, dans leur costume radieux qui emprunte à une lune pure, régnant partout là-haut, l’éclat de l’argent. Elle entend les accords délicieux de la musique, s’échappant des arbres environnants où s’étaient de nouveau retirées les jolies concertantes. Puis, comme l’air embaumé et chargé de paix expire sur ses paupières, elle se sent pénétrer dans l’Élysée et bientôt emportée dans la Terre du Sommeil.

Le matin, elle s’éveille de bonne heure au gai cliquetis des voix, qui semblent l’envelopper, par dessus, au-dessous et alentour, tout s’unissant comme pour chanter un chant de bonheur. Des oiseaux au plumage lumineux voltigent d’arbre en arbre, gazouillant leur hymne content ; et des Fées partout éparses se joignent irrésistiblement au joyeux unisson.

Blanche, d’instinct, éleva aussi la voix, ne pouvant réprimer la légèreté d’un cœur tout aise, qui s’affranchissait, en ce moment, des soucis et des peines, bondissant d’indomptable délice ; elle chanta comme elle n’avait jamais chanté auparavant, s’efforçant de communiquer à sa voix la béatitude qui venait de naître en elle.