Page:Hope - L’Étoile des fées, trad. Mallarmé, 1881.djvu/99

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ne veux point vous fatiguer de l’histoire entière de mon favori. Je vous dirai, seulement, pour commencer, qu’il s’éleva, de la position relativement obscure de fils d’un pauvre gentilhomme, jusqu’à remplir le poste important de Premier Ministre, ami du Roi.

« Les plus grands honneurs lui échurent ; et il eut le respect même de ses adversaires, car jamais homme plus vaillant que lui ne combattit et ne souffrit pour sa cause. Non que ce fût un soldat : ses batailles étaient toutes morales, ne mettant en jeu que sa force de volonté. L’élévation de son dessein et sa persévérance en firent, seules, un vainqueur. Il ne voyait en lui-même rien d’autre qu’un instrument à faire le bien de son pays, aux intérêts duquel sa conscience le vouait loyalement ; il fut toujours prêt à lui sacrifier sa vie. Fervent et résolu, cet homme d’esprit noble réalisa les réformes qu’il avait chéries depuis sa jeunesse, en dépit des obstacles sans nombre et des difficultés qui assaillaient ses pas. Ferme et sans peur, aucun adversaire ne pouvait abattre son ardeur de vrai patriote, et, si par hasard un sentiment de lassitude l’envahissait à de certaines heures, quand tout le monde paraissait s’entendre pour le contrecarrer, sa douce petite femme, l’enfantine amie de ses jeunes ans, Rubis Con-