Sans doute le droit d’oser a toujours été commun
aux peintres et aux poëtes ; nous le savons, et, ce
droit, nous le réclamons et l’accordons tour à
tour ; mais non, cependant, au point d’unir la
colère à la tranquillité, d’accoupler les serpents et
les oiseaux ; les agneaux et les tigres. À des commencements pompeux, et qui promettent de
grandes choses, sont cousus un ou deux lambeaux de pourpre qui resplendissent de loin : le
bois sacré et l’autel de Diana, un cours d’eau qui
serpente à travers de belles campagnes, ou le
fleuve Rhenus, ou le pluvieux arc-en-ciel ; mais,
actuellement, ce n’en est pas le lieu. Il est possible
que tu saches rendre un cyprès ; mais qu’importe
à qui t’a donné de l’argent pour être peint
nageant désespéré hors de sa nef brisée ? Une
amphore est commencée ; pourquoi une cruche
sort-elle de la roue qui tourne ? Que tout poëme,
enfin, soit simple et un.
Page:Horace - Œuvres, trad. Leconte de Lisle, I.djvu/240
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art poétique.