repue. Les centuries de vieillards repoussent ce
qui est sans fruit, et les Rhamnètes hautains
passent outre devant les poëmes sérieux. Il enlève
tous les suffrages celui qui mêle l’utile à l’agréable,
qui charme et qui instruit le lecteur. Un tel livre
enrichit les Sosies, et passe la mer, et prolonge
longtemps la célébrité de l’écrivain. Il y a cependant certains défauts qu’il faut pardonner. La
corde ne rend pas toujours le son voulu par l’esprit et par la main ; elle donne une note aiguë à
qui lui demande une note grave ; et l’arc ne frappe
pas toujours ce qu’il menace. Quand il se rencontre
beaucoup de choses brillantes dans un poëme, je
ne m’offense pas de quelques taches que l’incurie
a laissé échapper ou dont la nature humaine ne
s’est pas assez défiée. Qu’en conclure ? De même
qu’un copiste, bien qu’averti, commet toujours la
même faute, qu’un citharœde est risible quand il
se trompe toujours de corde, de même le poëte
Page:Horace - Œuvres, trad. Leconte de Lisle, I.djvu/261
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art poétique.