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livre i, satire i.

besoin d’une urne d’eau ou d’une coupe, tu disais : « J’aime mieux puiser au grand fleuve qu’à cette petite fontaine. » C’est pour cela, c’est parce qu’ils se plaisent dans une abondance superflue, que l’impétueux Aufidus les emporte, déracinés, en même temps que sa rive. Mais celui qui ne veut que le peu dont il a besoin ne boit pas une eau souillée de fange, et ne perd pas la vie dans les flots.

Une bonne partie des hommes, aveuglée par la cupidité, dit : « On n’a jamais assez ; autant tu possèdes, autant tu vaux. » Que faire à qui parle ainsi ? Laisse-le être misérable comme il l’entend. Ceci rappelle un certain Athénien avare et riche qui avait coutume de mépriser les cris du peuple : « Le peuple me siffle ; mais moi, je m’applaudis à la maison en contemplant mes écus dans mon coffre ! » Tantalus altéré veut saisir l’eau qui fuit ses lèvres… Pourquoi ris-tu ? sous un autre nom