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livre i, épitre xvi.

plus pure que l’Hébrus qui baigne la Thraca, y coule, bonne pour la tête et bonne pour l’estomac malades. Telles sont les douces et, si tu m’en crois, les charmantes retraites qui, aux jours de septembre, te gardent ton ami en bonne santé.

Toi, tu vis bien, si tu tiens à être tel qu’on te dit. Nous disons tous, et Roma tout entière, que tu es heureux : mais je crains que, sur toi, tu n’en croies les autres plus que toi-même et que tu ne penses qu’on soit heureux hors de la sagesse et de la vertu. Je crains, quand le peuple vante ta bonne mine et ta santé, que tu ne dissimules ta fièvre à l’heure de manger et que le frisson ne saisisse tes mains encore grasses du repas. La mauvaise honte des insensés cache leurs plaies non guéries. Si quelqu’un vante les guerres que tu as faites sur terre et sur mer, s’il caresse tes oreilles par ces vaines paroles : Le peuple souhaite-t-il plus ton salut que tu ne désires le sien ? Qu’il nous laisse dans ce doute, celui qui veille sur toi