— « Le chasseur, qui poursuit le lièvre à travers
la neige amoncelée, ne veut pas y toucher placé
sur la table, » il chante cela et il ajoute : « mon
désir est tel que ce chasseur ; il laisse là ce qui
lui est offert et veut saisir ce qui le fuit. » Est-ce
avec ces petits vers que tu comptes chasser de ton
cœur chagrins, ardeurs et cruels soucis ? La
nature n’a-t-elle pas posé des bornes à nos désirs ?
N’est-il pas plus utile de rechercher ce qui doit
lui être accordé ou refusé sans qu’elle en souffre,
et de séparer du réel ce qui est illusoire ? Quand
la soif brûle ta gorge, cherches-tu une coupe d’or ?
Quand tu es affamé, repousses-tu tous les mets, à
l’exception du paon et du turbot ? Et quand le
désir t’excite, aimes-tu mieux que tes muscles se
rompent que de profiter d’une servante ? Non pas
moi ; j’aime une Vénus facile et toute prête. Celle
qui dit : Tout à l’heure, Mais plus cher, Si mon mari sort, « Celle-là aux prêtres de Cybélé, » dit
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satires.