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livre ii, épitre i.

édit qu’un autre qu’Apellès fît son portrait, et qu’aucun autre que Lysippus coulât en airain la figure du vaillant Alexander. Mais, ce juge subtil des arts plastiques, quand il s’agissait de livres, ces autres présents des Muses, semblait avoir respiré en naissant l’air épais de la Bœotie.

Pour toi, les poëtes Virgilius et Varius, que tu aimes, ne déshonorent ni tes jugements, ni les nombreux dons que tu leur as faits pour ta gloire. Les images d’airain n’expriment pas mieux la face des hommes illustres que l’œuvre du poëte ne révèle leurs mœurs et leur âme. Au lieu de ces vers rampant sur le sol, j’aimerais à concevoir de grandes choses, à dire les lieux et les fleuves de la terre, les citadelles dressées sur les monts, les royaumes barbares, les guerres menées par tout l’univers sous tes auspices, les portes closes de Janus gardien de la paix, et Roma formidable