Page:Horace - Œuvres, trad. Leconte de Lisle, II.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
49
livre i, satire vi.

faudrait désirer des richesses toujours plus grandes, me courber devant plus de monde, mener sans cesse un ou deux compagnons, ne jamais aller à la campagne ou voyager seul, nourrir une foule d’esclaves et de chevaux et me faire suivre de chars à quatre roues. Maintenant il m’est permis d’aller, si je veux, jusqu’à Tarentus, sur un petit mulet, dont le poids de la valise écorche les reins et le cavalier les flancs. Personne ne me reprochera les mêmes vilenies qu’à toi, Tillius, quand, sur la route de Tibur, cinq esclaves courent derrière le præteur avec ton pot de chambre et ton baril de vin. En cela, et en mille autres choses, je vis plus commodément que toi, illustre sénateur ! Je vais seul partout où j’ai le désir d’aller ; je m’arrête, demandant combien les légumes ou le froment ; je me promène le soir dans le Cirque plein de fripons ou dans le Forum, et j’écoute les devins. Je reviens de là chez moi où je trouve un