faudrait désirer des richesses toujours plus grandes,
me courber devant plus de monde, mener sans
cesse un ou deux compagnons, ne jamais aller à
la campagne ou voyager seul, nourrir une foule
d’esclaves et de chevaux et me faire suivre de
chars à quatre roues. Maintenant il m’est permis
d’aller, si je veux, jusqu’à Tarentus, sur un petit
mulet, dont le poids de la valise écorche les reins
et le cavalier les flancs. Personne ne me reprochera les mêmes vilenies qu’à toi, Tillius, quand,
sur la route de Tibur, cinq esclaves courent derrière le præteur avec ton pot de chambre et ton
baril de vin. En cela, et en mille autres choses, je
vis plus commodément que toi, illustre sénateur !
Je vais seul partout où j’ai le désir d’aller ; je
m’arrête, demandant combien les légumes ou le
froment ; je me promène le soir dans le Cirque
plein de fripons ou dans le Forum, et j’écoute les
devins. Je reviens de là chez moi où je trouve un
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livre i, satire vi.