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livre i, satire viii.

montre sa balle face, de ramasser des os et des herbes empoisonnées. J’ai vu moi-même, sa robe noire retroussée, pieds nus et cheveux épars, Canidia se démenant et hurlant avec la plus âgée des Sanaga. La pâleur les rendait l’une et l’autre effroyables à voir. Elles commencèrent à fouiller la terre avec leurs ongles et à déchirer avec leurs dents une brebis noire. Le sang coulait dans la fosse d’où elles évoquaient les Mânes, les âmes qui devaient répondre. Il y avait une figure de laine et une de cire. Celle de laine, la plus grande, semblait châtier celle de cire qui était prosternée d’une façon suppliante comme une esclave menacée de mort. Une des sorcières évoquait Hécaté et l’autre la cruelle Tisiphoné. Tu eusses vu errer les serpents et les chiens infernaux, et la Lune sanglante, pour n’être pas témoin, se cacher parmi les grands tombeaux. Si je mens en quelque chose, que ma tête soit souillée par la fiente blanche des corbeaux, et que