Page:Horace - Œuvres complètes - Satires, épîtres, art poétique, tome 2, 1832.djvu/211

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désormais toute mon occupation, voilà les trésors que j'amasse pour les trouver au besoin. Et ne me demandez pas sous quelles enseignes je marche, quelle secte j'embrasse de préférence : bien résolu à ne jurer sur la foi d'aucun maître, je m'abandonne au caprice des vents, et j'aborde où ils me poussent. Tantôt ami du mouvement, mais défenseur toujours intrépide de la vertu et de la vérité, je me précipite dans le tourbillon des affaires publiques ; tantôt j'en reviens insensiblement au système d'Aristippe, et je m'efforce de maîtriser les circonstances, au lieu de m'en laisser subjuguer.

Comme la nuit semble longue au jeune amant trompé dans son rendez-vous ; la journée au mercenaire qui en doit le travail ; l'année, enfin, au pupille que gêne l'importune surveillance d'une mère : ainsi je vois s'écouler avec une pénible lenteur les moments qui reculent pour moi le projet et l'espoir de faire avec ardeur ce qui est utile au pauvre comme au riche, ce que jeunes et vieux se repentiront également d'avoir négligé. Il ne me reste qu’à me conduire et à me consoler d'après ces principes. Tu n’auras jamais la vue perçante d'un Lyncée ?... hé bien est-ce une raison pour ne pas soigner tes yeux malades ? Jamais la vigueur musculaire de l'invincible Glycon ?... faut-il pour cela ne rien faire pour prévenir la goutte ? Faisons du moins quelques pas, s'il ne nous est pas permis d'aller plus loin. Ton cœur est-il tourmenté par l'avarice, brûlé par de violents désirs ? il est des paroles efficaces, des maximes salutaires, qui peuvent calmer et guérir en partie ton mal. L'ambition te dévore-t-elle ? je vais t'enseigner un remède infaillible : lis trois fois avec