Page:Horace - Œuvres complètes - Satires, épîtres, art poétique, tome 2, 1832.djvu/213

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l'attention requise des passages de certain petit livre. Serais-tu par hasard envieux, colère, paresseux, et par trop ami du vin et des femmes ? crois-moi : il n'est pas de naturel, si farouche, qu'on le suppose, qui ne finisse par s'apprivoiser, pour peu qu'il se prête docilement aux leçons. C'est une vertu déjà, que de s'éloigner du vice, et l'on commence d'être sage, du moment où l'on cesse d'être tout à fait fou. Que de peines de corps et d'esprit pour éviter ce que l'on regarde comme le plus grand des maux, une fortune bornée et la honte d'un refus ! Tu cours, avide marchand, jusqu'aux extrémités du monde ; tu braves, pour fuir la pauvreté, les flots, les rochers, l'incendie, sans aucun égard pour le sage conseil qui te crie d'attacher moins de prix aux vains objets que tu poursuis. Quel est l’athlète ambulant qui ne préférât l'honneur de la palme olympique à ses triomphes de carrefours, s'il était sûr de l'obtenir sans combats ? L’argent vaut moins que l'or, et l'or vaut encore moins que la vertu. On ne vous en criera pas moins : « Citoyens ! citoyens ! l’or, l’or avant tout : la vertu après les écus. » Voilà ce dont retentit d’un bout à l'autre la place de Janus ; voilà ce que répètent, le registre sous le bras et la bourse à la main, les jeunes et les vieux. Vous avez du courage, des mœurs, du talent pour la parole, de la probité ; mais il vous manque six ou sept mille sesterces pour compléter les quatre cent mille ; vous n'êtes plus que l'homme-peuple. Écoutez cependant les enfants dans les jeux : Fais bien, disent-ils, tu seras roi. N'avoir rien à se reprocher, voilà donc le mur d'airain derrière lequel l'honnête homme se doit retrancher. Lequel, je vous le demande, vous semble préférable, ou de la loi Roscia, ou de la chanson des enfants