Page:Horace - Œuvres complètes - Satires, épîtres, art poétique, tome 2, 1832.djvu/219

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ÉPITRE II. À LOLLIUS.

Mon cher Lollius, tandis que dans Rome, vous vous exercez à l’éloquence, j'ai relu à Préneste le chantre de la guerre de Troie ; j'ai relu ce poète, qui nous apprend avec plus d'évidence et de sagesse que Chrysippe et Crantor, ce qui est honnête ou honteux ce qui est utile ou ce qui ne l'est pas. Écoutez, si rien ne vous en empêche, ce qui me fait penser ainsi.

Le poème où nous voyons la Grèce et l'Asie s'entrechoquer dans un long duel à cause des amours de Pâris, nous montre et la folie des rois et le courroux des peuples. Anténor conseille de couper la guerre dans sa racine même. Que dit Pâris ? il nie qu'on puisse le contraindre à régner tranquille et à vivre heureux. Nestor s'efforce de réconcilier le fils de Pelée et le fils d'Atrée. Mais Achille brûle d'amour, et tous les deux sont enflammés d'une égale colère. C'est sur les Grecs que retombent toutes les folies des rois. La discorde, la perfidie, le crime, la débauche, la fureur, tous les vices enfin, règnent dans les murs et hors des murs d’Ilion.

Maintenant, pour nous montrer ce que peuvent le courage et la prudence, le poète nous propose un utile exemple dans ce sage Ulysse, qui, vainqueur de Troie, parcourut tant de villes étudia les mœurs de tant de peuples, et sur les vastes mers, assurant son retour et celui de ses compagnons, supporta de nombreux malheurs,