Page:Horace - Œuvres complètes - Satires, épîtres, art poétique, tome 2, 1832.djvu/227

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richesses, et de ne point toucher aux écrits divers qu'Apollon Palatinus a reçus dans son temple; de peur que si les oiseaux en troupe venaient un jour reprendre leurs plumes, la pauvre corneille, dépouillée de ses couleurs d'emprunt, ne devienne un objet de risée ?

Et toi-même qu'as-tu entrepris ? abeille légère, autour de quelle fleur voltiges-tu ? Ton génie n'est point vulgaire, n'est point inculte, n'est point abâtardi. Soit que tu aiguises les traits d'un plaidoyer, soit que tu te disposes à interpréter nos lois civiles, soit que tu composes d'aimables chants, c'est à toi le premier que sera décerné le lierre, prix de la victoire. Ah ! si tu pouvais te soustraire à l'influence glaciale de tes passions, tu suivrais la céleste sagesse partout où elle te guiderait. Petits et grands, que ce soit le but de nos travaux et de nos études, si nous voulons vivre chers à la patrie et à nous-mêmes.

Il faut aussi que tu me répondes si tu as pour Munatius toute l'affection que tu lui dois. Est-ce vainement qu'une réconciliation douteuse vous a rapprochés ? et vous êtes-vous de nouveau séparés ? Mais, soit que la chaleur de votre sang, soit que votre inexpérience du monde entretienne les ressentiments de vos cœurs inflexibles, quelque part que vous viviez, vous qui n'êtes pas faits pour rompre les liens de la fraternité, je nourris pour votre retour une génisse que j'ai promise aux dieux.