Page:Horace - Œuvres complètes - Satires, épîtres, art poétique, tome 2, 1832.djvu/231

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EPITRE V. À TORQUATUS.

S'il ne te répugne pas de t'étendre sur des lits de la façon d'Archias, si tu ne crains pas de souper avec des légumes servis dans de modestes plats, je t'attendrai chez moi, Torquatus, au coucher du soleil. Tu boiras d'un vin récolté sous le second consulat de Taurus, entre les marais de Minturnes et les rochers de Sinuesse. Si tu as quelque chose de mieux, apporte-le ; sinon, soumets-toi.

Déjà le foyer brille, et tout est disposé pour te recevoir. Laisse là les frivoles espérances, les disputes d'intérêts et le procès de Moschus. Demain, grâce à l'anniversaire de la naissance de César, il nous est permis de dormir à notre aise : ainsi nous pourrons impunément laisser courir cette nuit d'été dans d'aimables propos.

Que me fait la fortune, s'il ne m'est pas donné d'en jouir ? Épargner, se priver sans cesse pour enrichir un héritier, c'est se comporter comme un insensé. Pour moi, je donnerai l'exemple de boire et de répandre des fleurs, je consentirai même à passer pour un extravagant. Quelles merveilles n'opère pas l'ivresse ! elle fraie le passage aux secrets, elle transforme les espérances en réalités, elle pousse malgré lui le lâche aux combats, soulage nos âmes du poids des soucis, et fait éclore le talent. Quel est celui qu'une coupe bien remplie n'a pas rendu éloquent ? quel est le pauvre qu'elle n'a pas mis à l'aise au milieu de sa détresse ?

Il est des soins dont on