Page:Horace - Œuvres complètes - Satires, épîtres, art poétique, tome 2, 1832.djvu/235

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avec quel sentiment et de quel œil cela mérite-t-il d'être regardé ?

Celui qui craint de perdre ces biens n'est pas plus heureux que celui qui les désire : des deux côtés, crainte et tourment; un même fantôme vient épouvanter l'un et l'autre. Qu'on se réjouisse ou qu'on se lamente, qu'on désire ou qu'on redoute, qu'importe si l'on voit au delà ou en deçà de son espoir, et si l'on reste les yeux fixés, l'esprit et l'âme en souffrance ?

Le sage méritera le nom d'extravagant, le juste celui d'inique, s'il recherche la vertu même avec trop d'ardeur.

Cours maintenant après l'argent et les marbres antiques, et les objets d'airain, et les ouvrages d'art; admire la couleur de Tyr et les pierreries ; réjouis-toi de ce que des milliers d'yeux te regardent, lorsque tu parles; sois matinal, et cours au Forum, ne rentre en ta demeure qu'à la nuit, de peur que Mutus, dans les champs qu'il reçut en dot ne recueille plus de blé que toi, et que cet homme, issu d'aïeux au-dessous des tiens, ne te fasse, ô indignité ! admirer sa fortune, au lieu d'admirer la tienne.

Tout ce qui est caché sous la terre, le temps le mettra au jour ; il couvrira, il enfouira ce qui s'élève aujourd'hui. Quand tu te seras bien fait voir sur la voie Appienne, et reconnaître au portique d'Agrippa, il te reste cependant à aller où sont allés Numa et Ancus.

Si des douleurs aiguës viennent déchirer tes flancs et tes reins, cherche un prompt remède à ces maux.

Veux-tu vivre heureux ? qui ne le désire ? Si la vertu