Page:Horace - Œuvres complètes - Satires, épîtres, art poétique, tome 2, 1832.djvu/241

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ÉPITRE VII. A MÉCÈNE .

Je t'avais promis de ne rester que cinq jours à la campagne, et, infidèle à ma promesse, je me fais désirer pendant tout le cours de Sextile. Mais, si tu tiens à me voir bien portant, il faut m'accorder, quand je redoute la maladie, l'indulgence que tu ne me refuses pas quand je suis malade, surtout à cette époque où les premières figues et les chaleurs entourent de ses noirs licteurs le chef des cérémonies funèbres ; où il n'est point de père, de tendre mère qui ne tremblent pour leur fils ; où les soins de l'amitié et les fatigues du barreau amènent les fièvres et ouvrent les testaments. Quand l'hiver viendra blanchir de ses frimas les plaines d'Albe, ton poète descendra vers la mer, et, soigneux de sa personne, s'enfermera avec ses livres ; puis il ira, cher ami, te revoir, si tu le permets, avec le zéphyr et les premières hirondelles.

Tu n'as pas, pour m'enrichir, imité l'hôte de la Calabre, quand il offre ses fruits. « Mange donc, mon cher. — J'en ai assez. — Eh bien, emportes-en tant que tu voudras. — C'est trop d'obligeance. — Ce petit présent ne déplaira point à tes marmots. — Je suis aussi reconnaissant que si j'en emportais ma charge. Comme tu voudras : on va donner le reste aux pourceaux. » C'est ainsi qu'une sotte prodigalité donne ce qu'elle méprise et dédaigne. De là ces moissons d'ingrats qui pullulent