Page:Horace - Œuvres complètes - Satires, épîtres, art poétique, tome 2, 1832.djvu/253

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ÉPITRE X. A FUSCUS ARISTIUS.

Horace, ami des champs, à Fuscus, ami de la ville, salut. C'est sur ce point seul que nos goûts diffèrent; sur tout le reste nous sommes presque jumeaux. Ce que l'un veut, l'autre le veut aussi ; ce que l'un rejette est également rejeté par l'autre: semblables à deux frères étroitement unis par la conformité de leurs penchants, ou à ces deux vieux pigeons dont vous connaissez l'histoire. Comme l'un d'eux, vous aimez et gardez le nid ; moi, je préfère un ruisseau qui court dans un agréable vallon, la mousse qui couvre les rochers, l'ombre et la solitude des bois. Que voulez-vous ? je jouis de la vie et d'une souveraine indépendance, dès que j'ai quitté tout ce qui vous charme dans la ville, et ce que, par une sorte de concert, vous vantez à l'envi et élevez jusqu'aux nues. Tel que l'esclave d'un prêtre échappé de la maison de son maître, je suis dégoûté des gâteaux. C'est du pain qu'il me faut, et je le préfère à toutes les friandises assaisonnées de miel.

Si notre but, mon cher Fuscus, est de vivre de la manière la plus conforme à la nature; s'il faut, comme pour poser les fondements d'une maison, choisir d'abord un emplacement convenable, en est-il de plus favorable à ce dessein qu'une campagne heureusement située ? en est-il où les hivers soient plus doux, ou de frais zéphyrs tempèrent plus agréablement les ardeurs de la Canicule