Page:Horace - Œuvres complètes - Satires, épîtres, art poétique, tome 2, 1832.djvu/257

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sa liberté, plus précieuse que l'or, rampera sous un maître, et sera toujours esclave, pour n'avoir pas su borner ses désirs au simple nécessaire. Une fortune qui, trop grande ou trop petite, n'est pas proportionnée aux besoins de celui qui la possède, est comme une chaussure qui, trop étroite, blesse le pied de son maître, trop large, le fait trébucher. Contentez-vous de votre sort, mon cher Fuscus ; vous serez heureux et sage. Je vous conjure surtout de ne pas m'épargner vos réprimandes, si jamais vous surprenez en moi une avidité qui amasse sans cesse et au delà de mes besoins. L'or est notre tyran ou notre esclave: il faut que la raison, loin de s'en laisser dominer, le domine et en règle l'usage. Telles sont les pensées que je vous adresse, assis auprès du vieux temple de la déesse qui préside au repos et aux loisirs des habitants de la campagne. Là, rien ne manque à mon bonheur, si ce n'est la présence d'un ami tel que vous.


ÉPITRE XI. A BULLATIUS.

Comment, Bullatius, avez-vous trouvé Chios, la célèbre Lesbos, l'élégante Samos, et Sardes, l'antique demeure de Crésus ? Et Smyrne et Colophon, qu'en pensez-vous ? sont-elles au-dessus ou au-dessous de leur réputation ? Pour vous, tout cela est-il fade et languissant auprès du Champ-de-Mars et des eaux du Tibre ? Désireriez-vous