Page:Horace - Œuvres complètes - Satires, épîtres, art poétique, tome 2, 1832.djvu/265

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fondrières; puis, parvenu au but et triomphant, ayez bien soin de votre paquet: ne le portez pas sous votre bras comme un paysan porterait un agneau; Pyrrhia, ivre et chancelante, les pelotons de laine qu'elle a volés; un convive du voisinage, ses sandales et son bonnet. Gardez-vous surtout de dire que vous avez bien sué à porter ces vers qui savent charmer et l'oreille et les yeux de César. Voilà toutes mes recommandations, toutes mes prières; le reste, votre zèle le fera. Adieu, partez; mais n'allez pas broncher et laisser échapper vos instructions.


ÉPITRE XIV. A SON MÉTAYER.

Honnête esclave , à qui j’ai confié le soin de mes bois et du petit domaine dont la solitude me rend à moi-même, et que tu dédaignes, parce que le village n'a que cinq feux, et qu'il envoie seulement à Varia cinq bons pères de famille; essayons, à l'envi l'un de l'autre, d'arracher les ronces nuisibles, moi de mon cœur, toi de mon champ, et voyons lequel vaudra le mieux d'Horace ou de sa terre. Quoique je sois retenu à Rome par la pieuse douleur de Lamia, qui regrette son frère mort, et ne peut se consoler, cependant ma pensée, mes désirs me transportent dans ma douce retraite, et je brûle de rompre les barrières qui m'empêchent d'aller la revoir.