Page:Horace - Œuvres complètes - Satires, épîtres, art poétique, tome 2, 1832.djvu/269

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Apprends maintenant pourquoi nous ne sommes pas du même avis. Moi, qui m'habillais autrefois d'étoffes fines et légères, qui me plaisais à soigner, à parfumer mes cheveux; moi que tu as connu buvant le Falerne dès le milieu du jour, et jouissant des bonnes grâces de l'avide Cynare, sans lui faire le moindre présent, je préfère aujourd'hui un repas court et léger, ou le sommeil sur l'herbe, au bord d'un ruisseau. Je ne rougis pas des plaisirs et des jeux de mon jeune âge ; mais je rougirais de ne pas savoir y renoncer. Ici, personne ne me jette un regard oblique, et ne veut porter atteinte à mon bonheur ; aucune haine obscure, aucune morsure secrète ne l'empoisonne. Seulement, je fais rire mes voisins de ma maladresse, lorsqu'ils me voient essayer de remuer la terre ou de fendre des pierres.

Tu préférerais d'être à la ville, parmi les esclaves, à ronger avec eux le pain qu'on leur distribue chaque jour ; tu te jettes dans leur nombre de toute l'ardeur de tes vœux; et mon rusé laquais voudrait être à ta place, occupé de soigner les bois, les troupeaux, le jardin.

Le bœuf paresseux désire de porter la selle ; le cheval, de tirer la charrue.

Mon avis, c'est que chacun fasse de bonne grâce le métier qu'il sait faire.