Page:Horace - Œuvres complètes - Satires, épîtres, art poétique, tome 2, 1832.djvu/287

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n'ont point perdue, un collier qu'on ne leur a pas ravi. Ce stratagème rend incrédule à l'avenir sur leurs véritables pertes, et attire des railleries à leurs douleurs sincères. Un voyageur, trompé une fois pour toutes par les ruses du mendiant qui, dans les carrefours, feint de s'être rompu la jambe, ne va plus secourir le malheureux qui, pleurant et jurant par Osiris, s'écrie : « Je ne vous trompe point, cruels; venez me secourir, je chancelle. » — A d'autres, cherche qui ne te connaît point, » crie d'une voix rauque la populace du voisinage.


ÉPITRE XVIII. A LOLLIUS.

Ou je vous connais mal, mon cher Lollius, ou jamais votre franchise ne consentira à descendre au vil rôle de flatteur, après avoir dignement rempli celui d'ami. Vous savez trop bien qu'une femme honnête ne diffère pas plus d'une courtisane que le flatteur d'un véritable ami.

Il est un vice opposé et plus odieux peut-être que la flatterie elle-même : c'est cette farouche et rude aspérité de mœurs qui pense vous imposer par des cheveux tondus de près, et des dents noires, et qui usurpe ainsi le nom de franche liberté et les honneurs dus à la vertu. La vertu est également éloignée de l'un et l'autre excès.

Comme ces bouffons que l'on renvoie au bout de la table, voyez avec quelle obséquieuse affectation le flatteur,