Page:Horace - Œuvres complètes - Satires, épîtres, art poétique, tome 2, 1832.djvu/301

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

capricieuse, en lui prodiguant des festins, en lui distribuant des vêtements usés; c'est que, partisan et vengeur des grands écrivains, je ne cherche point le succès auprès des grammairiens et de leurs écoles. De là leur désespoir. Si je dis « Je rougirais de lire, devant un public nombreux, mes vers qui n'en sont pas dignes, ce serait donner de l'importance à des bagatelles. — Pur badinage ! me répond-on; tu les réserves pour l'oreille de Jupiter. Tu te flattes, en effet, dans ton admiration pour toi-même, de distiller seul le miel de la poésie. » Alors, je crains de me laisser trop aller à la raillerie, et, de peur de me faire arracher les yeux par mon adversaire : « Je ne saurais demeurer ici, » m'écrié-je, et je demande trêve à la plaisanterie. De la plaisanterie, en effet, naissent les disputes animées et la colère; et de la colère, les farouches inimitiés et les guerres homicides.