Page:Horace - Odes, Épodes et Chants séculaires, Séguier, 1883.djvu/113

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Ou plutôt, la lyre entre les doigts,
   Marie un air au timbre de ta voix.

N’entendez-vous pas ? d’une illusion tendre
Suis-je le jouet ? Il me semble l’entendre,
      Et vaguer dans de pieux enclos,
   Au doux murmure et des vents et des flots.

Un jour, tout enfant, las de mainte folie,
Aux flancs du Vultur, plus loin que l’Apulie,
      Mon berceau, je dormais sur le sol,
   Quand des ramiers me couvrirent au vol,

D’un feuillage vert. Ce fut chose divine
Pour les bûcherons de le forêt bantine,
      Les chasseurs du pic achérontin
   Et les bergers du hameau forentin.

Auprès des serpents, des ours, funeste engeance,
Gaîment reposer, n’ayant d’autre défense
      Qu’un amas de myrte et de laurier !
   Les dieux gardaient le jeune aventurier.

Muses, grâce à vous, je gagne, heureux et leste,
L’ardu Sabinum ou la fraîche Préneste ;
      Sous vos yeux, j’erre aux monts de Tibur,
   Ou de Baïa je contemple l’azur.

Ami de vos chœurs et de vos aganippes,
J’ai pu me soustraire au revers de Philippes,