Page:Horace - Odes, Épodes et Chants séculaires, Séguier, 1883.djvu/136

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Plus à soi-même on se refuse, et plus
Donnent les dieux. Sans bagage je vole
Auprès de ceux qu’aucun désir n’affole ;
      J’échappe au camp des Attalus,

Maître plus fier d’un fonds que l’on dédaigne
Que si, passant pour retenir sous clé
Tout ce qu’en Pouille on récolte de blé,
      Je restais pauvre à riche enseigne.

Un ruisseau pur, quelques arpents boisés,
D’humbles moissons l’espoir non chimérique
Mieux qu’au seigneur de l’opulente Afrique
      Me font des jours frais, reposés.

Certes je n’ai ni les miels de Tarente,
Ni les nectars du sol des Lestrygons ;
J’ai moins encor ces précieux moutons
      Fils de la Gaule exubérante :

Mais l’indigence a respecté mon toit.
Voudrais-je plus, tu m’exaucerais vite.
Or, en gardant une sage limite,
      J’agrandis plus mon coffre étroit

Que si j’avais l’empire d’Alyatte
Et la Phrygie. A qui prétend beaucoup,
Beaucoup fait faute. Heureux qui du grand Tout
      Reçoit assez, à bonne date !