A des loisirs qui sans toi seront tristes
Dois-je résigner mes esprits,
Ou partager ces fatigues sublimes,
Comme il sied aux gens valeureux ?
Partageons-les : sur les alpestres cimes,
Dans le Caucase rigoureux,
Aux derniers bords de la Bretagne humide
Je te suivrai d'un cœur dispos.
Demandes-tu comment, faible et timide,
Je puis seconder tes travaux ?
A tes côtés, j'aurai moins d'amertumes,
Car l'absence accroît nos tourments:
Ainsi l'oiseau pour ses petits sans plumes
Redoute plus les noirs serpents,
Lorsqu'il s'éloigne, et pourtant sa présence
Ne leur serait d'aucun soutien.
Dans tous les camps, oui, je suivrai ta chance,
Afin de mieux devenir tien,
Et non pour voir ma terre plus fournie
De socs puissants, de vifs taureaux,
Voir de Calabre aux bois de Lucanie,
Avant l’été, fuir mes troupeaux,
Puis ma villa se dérouler splendide
Jusqu'aux murs du fils de Circé.
Assez de biens me valut ton égide:
Je ne veux point d'or amassé
Pour l'enfouir, comme un Chrémès sordide,
Ou le perdre en jeune insensé.
Page:Horace - Odes, Épodes et Chants séculaires, Séguier, 1883.djvu/192
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