Page:Horace - Odes, Épodes et Chants séculaires, Séguier, 1883.djvu/198

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« Au nom des dieux qui de là-haut gouvernent
Et la terre et le genre humain,
Que veut ce bruit, ce groupe féminin
Dont les visages me consternent ?
Toi, par tes fils, si Lucine jamais
A béni tes couches réelles,
Par cette pourpre, égide des plus frêles,
Par Jovis vengeur des méfaits,
Dis, pourquoi donc ces prunelles malignes
De marâtre, d'ours acculé ? »
L'enfant, qui tremble, ayant ainsi parlé,
Est dépouillé de ses insignes.
Ce tendre corps, pris dans un guet-apens,
Eût amolli le cœur d’un Thrace.
Mais Canidie, à la hideuse face,
Au front garni de courts serpents,
Fait préparer un bûcher d’ifs funèbres,
De caprifiguiers sépulcraux,
Mêle a des œufs teints du sang des crapauds
L'aile d'un oiseau de ténèbres,
Joint aux poisons que produit Iolcos,
A ceux dont l'Ibérie abonde,
Des os repris à quelque chienne immonde:
Tout s'embrase aux feux de Colchos.