XII
À CLIO
Clio, quel homme, aujourd’hui, quel héros
Va célébrer ta lyre ou ta trompette ?
Quel dieu choisi, dont le nom se répète,
Par le jeu des échos,
Soit aux abords de l’Hélicon plein d’ombre,
Soit sur le Pinde ou le gélide Hémus,
Monts où jadis on vit les bois émus
Suivre Orphée, au doux nombre,
Lorsque, arrêtant, grâce à l’art maternel,
Le cours de l’onde et les brises mobiles,
Il entraînait jusqu’aux chênes, dociles
À son luth immortel ?
Salut d’abord, selon nos mœurs sacrées,
Au père-roi des hommes et des dieux,
Qui subordonne Océan, terre et cieux,
Aux saisons mesurées !
Il n’engendra rien de plus grand que lui,
Rien qui l’égale ou l’approche en substance ;
Pourtant Pallas, en seconde puissance,
Près de son trône a lui.