Non, le rauque airain célébrant Dindymène,
Non, les chauds trépieds d’Apollon Pythien,
Ni Bacchus, ni Corybantes, rien
Ne trouble autant une cervelle humaine
Que le noir courroux : il brave, audacieux,
Le glaive norique et la plaine aux naufrages,
L’incendie et le choc des orages
Dont Jupiter ébranle terre et cieux.
Pour compléter l’homme, alors que Prométhée
À chaque animal prit une passion,
Il paraît que du fauve lion
La véhémence en son cœur fut jetée.
La colère, hélas ! à d’immenses malheurs
Entraîna Thyeste ; et cent villes superbes,
Par sa faute allant joncher les herbes,
Sur leurs remparts virent d’affreux vainqueurs
Passer, repasser des socs liberticides.
Calme tes esprits. Son souffle dangereux
M’égara moi-même, au temps heureux
De ma jeunesse, et d’ïambes rapides
M’arma furibond. Mais je veux, dès ce jour,
Changer en douceurs un amer déplorable,
Si, sensible à l’amende honorable,
Tu me souris et me rends ton amour.
Page:Horace - Odes, Épodes et Chants séculaires, Séguier, 1883.djvu/42
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