Je peux de ta femme encenser la couronne
Ajoutée aux cieux, rappeler Penthéus
Et ses toits rudement abattus,
Lycurgue enfin, mort aveugle et sans trône.
Tu marches domptant mer, fleuves étrangers ;
Tu cours, dans leurs monts, les prunelles humides,
Enlacer au front des Bistonides
Un nœud d’aspics innocents et légers.
Des géants, là-haut, quand la cohorte noire
Assiégeait le seuil de ton père éclatant,
Tu défis Rhécus, en empruntant
D’un fier lion la griffe et la mâchoire.
Quoique renommé pour les joyeux hauts faits,
La danse et les ris, on ne te croyait guère
Des instincts belliqueux ; mais la guerre
Fut ton théâtre aussi bien que la paix.
Un jour, aux enfers, Cerbère te distingue
À ta corne d’or : sa queue alors tout doux
Bat le sol ; il lèche tes genoux
Et tes deux pieds de sa gueule trilingue.
Page:Horace - Odes, Épodes et Chants séculaires, Séguier, 1883.djvu/99
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