Les juifs vous béniront, ils vous seront fidèles ;
Ou je vous vengerai moi-même des rebelles. [485]
Quel insolent respect qui te fait à la fois
Et m'offrir ton service et m'imposer tes lois !
Malgré mon amitié crains encor ma vengeance ;
D'un seul mot je puis perdre un ingrat qui m'offense.
Nous adorons, Seigneur, un pouvoir souverain [490]
Qui ne nous laisse pas craindre un pouvoir humain.
Malgré tous nos malheurs et l'opprobre où nous sommes,
Rois pour les nations, pour nous vous n'êtes qu'hommes.
Ministres du Très-haut, quand vous croyez régner,
Son invisible bras n'aurait qu'à s'éloigner ; [495]
Vous verriez dans l'instant que ce pouvoir fragile
N'était qu'un vain colosse appuyé sur l'argile.
Sur ces prétendus rois qu'adore l'univers,
Dieu verse en se jouant la gloire et les revers ;
Et quand vous l'outragez, sa main appesantie [500]
L'un par l'autre à son gré vous frappe et vous chatie.
Vous même regardez quel sceptre est dans vos mains.
Formidable à l'Égypte et soumis aux romains,
Tandis que déployant vos nombreuses armées,
Vous allez imposer des lois aux Ptolomées, [505]
Un écueil imprévu brise votre grandeur ;
Rome arrête vos pas par son ambassadeur ;
Et vous n'osez sortir du cercle qu'il vous trace,
Sans avoir en esclave apaisé sa menace.
C'en est trop : je ne sais par quel enchantement [510]
Je me laisse à ce point braver impunément.
Gardes...
{{Personnage|An