De vos seuls intérêts j'ai fait mon premier soin.
Je voulais votre gloire ; et vous m'êtes témoin
Que si vous aviez crû ce que j'osais vous dire,
Si mes conseils sur vous avaient eu plus d'empire,
Ils devaient prévenir ou suspendre le cours [1110]
De tant de cruautés qui ternissent vos jours.
Mais malgré mes conseils, mes soupirs et mes larmes,
Votre orgueil a souillé le succès de vos armes.
Vous chargez de vos fers toute une nation.
Vous changez la victoire en persécution. [1115]
Israël est proscrit par cet orgueil perfide ;
Et pour lui votre règne est un long homicide.
Mes yeux se sont enfin lassés de vos rigueurs ;
Et ma fuite aujourd'hui m'associe à leurs pleurs.
Leur magnanimité, leur longue patience [1120]
Ont au dieu des hébreux gagné ma confiance ;
Et j'ai crû que le dieu dont les secours puissants
Soutenaient la vertu dans les coeurs innocents,
Valait mieux que des dieux qui laissent impunie
L'ivresse de l'orgueil et de la tyrannie. [1125]
Vous connaissez pourquoi j'ai suivi Misaël.
Je partage avec lui le destin d'Israël ;
Et dussai-je irriter votre fureur jalouse,
Je suis israélite et de plus son épouse.
Son épouse ! À ce point on ose m'outrager ! [1130]
Je la suis ; j'en fais gloire, et tu peux t'en venger.
Son épouse ! Grands dieux !
Voulant tirer son épée contre Misaël.
Ah ! Cruel, de ta vie...
Arrêtez, arrêtez. Par cette barbarie
N'allez pas vous couvrir d'un opprobre nouveau ;
Et soyez son tyran, et