Qu'écrivit le Seigneur pour son peuple et pour toi,
J'ose encore ajouter au nom de tous tes frères
Qui viennent de mourir pour la foi de leurs pères :
Par de lâches délais ne va pas la trahir.
Et sans rien voir de plus, hâte-toi d'obéir. [1315]
Accorde-moi, mon fils, ce prix de ta naissance,
De ces soins qu'à ta mère a coûté ton enfance :
Si le plus tendre amour a veillé sur tes jours,
Va mourir.
Recevez mes adieux ; et j'y cours.
Scène III
J'ai retrouvé mon fils, seigneur, pour te le rendre. [1320]
Devrais-je avoir encor des larmes à répandre !
De la mère et du fils daigne être le soutien,
Affermis son courage et rassure le mien.
Je hâte cette mort dont je suis déchirée ;
Il livre, pour te plaire, une épouse adorée ; [1325]
Et nous avons tous deux dans ces tristes moments
À te sacrifier les plus chers sentiments.
Grand dieu, sois en loué ; des efforts magnanimes
Doivent à tes regards épurer tes victimes.
Dans notre sacrifice immolons tous nos voeux : [1330]
Le plus digne de toi, c'est le plus douloureux.