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Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 4.djvu/335

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De ce superbe coeur dissipera l'ivresse.

D'un heureux hyménée il sentira le prix. [85]

La Reine

J'ai lieu, vous dis-je encor, de craindre ses mépris.

Eh ! Qui n'eût pas pensé qu'aujourd'hui sa présence,

Dût des ambassadeurs honorer l'audience !

Mais il n'a pas voulu vous y voir rappeler

Des traités que son coeur refuse de sceller. [90]

S'il résistait, seigneur...

Alphonse

S'il résistait, madame !

De quelle incertitude alarmez-vous mon âme ?

Mon fils, me résister ! Juste ciel ! J'en frémis ;

Mais bientôt le rebelle effacerait le fils,

S'il poussait jusques-là l'orgueil de sa victoire, [95]

D'autant plus criminel qu'il s'est couvert de gloire,

Je lui ferais sentir que les plus grands exploits,

Que le sang ne l'a point affranchi de mes lois ;

Que, lorsqu'à mes côtés mon peuple le contemple,

C'est un premier sujet qui doit donner l'exemple ; [100]

Et qu'un sujet sur qui se tournent tous les yeux,

S'il n'est le plus soumis, est le plus odieux.

L'auguste autorité sur notre front empreinte

Ne peut impunément souffrir la moindre atteinte ;

Et c'est quand il s'agit d'accomplir un traité, [105]

Qu'il en faut soutenir toute la majesté.

Oui, chez les souverains dignes du diadème,

Leur parole sacrée est le seul droit suprême ;

Et s'il fallait choisir, je ferais voir qu'un roi

N'a point à balancer entre un fils et sa foi. [110]

Mais, Madame, écartons de funestes images.

D'un coupable refus rejetez ces présages.

Je vais à la princesse annoncer mon dessein ;

Et j'en avertirai mon fils, en souverain.