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Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 4.djvu/344

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Mais de plus longs délais nous feraient trop d'injure ;

Et moins vous vous plaignez, plus vous me faites voir [285]

Que je dois n'écouter ici que le devoir.

Par mes ordres mon fils dans ces lieux va se rendre.

Le dessein en est pris ; et je lui vais apprendre...

Constance

Ah ! De grâce, Seigneur, ne précipitez rien.

Entre vos intérêts, daignez compter le mien. [290]

Si depuis qu'en ces lieux j'accompagnai ma mère,

Vous m'avez toujours vue attentive à vous plaire ;

Si toute ma tendresse et mes respects profonds,

Et de fille et de père ont devancé les noms ;

Daignez attendre encore...

Alphonse

De tant de résistance [295]

Je ne sais à mon tour ce qu'il faut que je pense.

L'infant est-il pour vous un objet odieux ?

Et ce prince à tel point a-t-il blessé vos yeux,

Que vous trouviez sa main indigne de la vôtre ?

Pourquoi craindre l'instant qui vous joint l'un à l'autre ? [300]

J'ai peine à concevoir, Madame, que mon fils

Soit aux yeux de Constance un objet de mépris.

Constance

Un objet de mépris ! Hélas, s'il pouvait l'être !

Si moins digne, Seigneur, du sang qui l'a fait naître,

Son hymen à mes voeux n'offrait pas un héros, [305]

J'attendrais sa réponse avec plus de repos.

Mais, je ne feindrai pas de le dire à vous même,

Je ne la crains, Seigneur, que parce que je l'aime.

Souffrez qu'en votre sein j'épanche mon secret :

Quel autre confident plus tendre et plus discret, [310]

Pourrait jamais choisir une si belle flamme ?