Je me retire ;
Mais, si mes pleurs sur vous ont encore quelque empire...
Cessez de m'affliger par cet injuste effroi ; [345]
Et de vôtre bonheur reposez-vous sur moi.
Scène II
Les peuples ont assez célébré vos conquêtes,
Prince ; il est temps enfin que de plus douces fêtes,
Signalent cet hymen entre deux rois juré,
Digne prix des exploits qui l'ont trop différé : [350]
Cet hymen que l'amour, s'il faut que je m'explique,
Devrait presser encor plus que la politique,
Qui présente à vos voeux des vertus, des appas,
Que l'univers entier ne rassemblerait pas.
Je m'étonne toujours que sur cette alliance ; [355]
Vous m'ayez laissé voir si peu d'impatience ;
Que, loin de me presser de couronner vos feux,
Il vous faille avertir, ordonner d'être heureux.
J'espérais plus, Seigneur, de l'amitié d'un père.
N'était-ce pas assez m'expliquer que me taire ? [360]
J'ai crû sur cet hymen que mon roi voudrait bien
Entendre mon silence, et ne m'ordonner rien.
Ne vous ordonner rien !... À ce mot téméraire,
Je sens que je commande à peine à ma colère ;
Et si je m'en croyais... mais, Prince, ma bonté [365]
Se dissimule encor votre témérité.