Scène II
Oui, oui de l'univers je ferai disparaître [5]
Cette religion que l'erreur a fait naître,
Et qui couronne encor ses superstitions
De l'insolent mépris des autres nations.
Je lui jure, Madame, une éternelle guerre.
D'un reste d'insensés je purgerai la terre. [10]
S'il n'adore nos dieux, tout hébreu périra.
Eh bien ! Nous périrons ; et Dieu nous vengera.
De quoi vous flattez-vous ? Et de quelle vengeance
Votre esprit aveuglé repaît son espérance ?
N'ai-je pas de son temple exilé votre dieu ? [15]
Dans l'univers entier lui reste-t-il un lieu
Où vous puissiez encor, lui portant votre offrande,
Le presser, le prier qu'au moins il se défende ?
Songez à vous. Lui-même est dans l'oppression.
Jupiter désormais est le dieu de Sion. [20]
Et c'est sur vos autels que notre culte expie
Des prêtres de Juda le sacrifice impie.
Vous n'avez plus de lois. Vos oracles proscrits
Ont subi dans les feux la rigueur des édits.
Quand d'un affreux revers vous devenez l'exemple, [25]
Vils esclaves, sans lois, sans autels et sans temple,