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Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 4.djvu/86

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Scène II

Antiochus, Salmonée, Tharès.
Antiochus

Oui, oui de l'univers je ferai disparaître [5]

Cette religion que l'erreur a fait naître,

Et qui couronne encor ses superstitions

De l'insolent mépris des autres nations.

Je lui jure, Madame, une éternelle guerre.

D'un reste d'insensés je purgerai la terre. [10]

S'il n'adore nos dieux, tout hébreu périra.

Salmonée

Eh bien ! Nous périrons ; et Dieu nous vengera.

Antiochus

De quoi vous flattez-vous ? Et de quelle vengeance

Votre esprit aveuglé repaît son espérance ?

N'ai-je pas de son temple exilé votre dieu ? [15]

Dans l'univers entier lui reste-t-il un lieu

Où vous puissiez encor, lui portant votre offrande,

Le presser, le prier qu'au moins il se défende ?

Songez à vous. Lui-même est dans l'oppression.

Jupiter désormais est le dieu de Sion. [20]

Et c'est sur vos autels que notre culte expie

Des prêtres de Juda le sacrifice impie.

Vous n'avez plus de lois. Vos oracles proscrits

Ont subi dans les feux la rigueur des édits.

Quand d'un affreux revers vous devenez l'exemple, [25]

Vils esclaves, sans lois, sans autels et sans temple,