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Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/117

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LA PIE

Un traitant avoit un commis ;
Le commis un valet ; le valet une pie.
Quoique de la rapine ils fussent tous amis,
Des quatre, l’animal étoit la moins harpie.
Le financier en chef voloit le souverain ;
Le commis en second voloit l’homme d’affaire ;
Le valet grapilloit ; il eut voulu mieux faire ;
Et des gains du valet Margot faisoit sa main.
C’est ainsi que toute la vie,
N’est qu’un cercle de volerie.
Le valet donc à son petit magot
Trouvoit toûjours quelque mécompte.
Qu’est-ce dit-il. Quel est le coquin qui m’affronte ?
Dans mon taudis il n’entre que Margot.
À tout hazard il vous l’épie,
Et la prend bien-tôt sur le fait.
Il voit notre galante pie
Du coin de l’œil faisant le guet,
Prendre à son bec sa piéce de monnoye,
Et puis dans le grenier courant cacher sa proye.
C’étoit-là que Margot avoit son coffre fort ;
Amassant sans jouïr ; bien d’autres ont ce tort.