Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/145

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lumineux devancé par les heures,
Et des traits enflammés perçans le sein des airs,
Le soleil du plus haut des célestes demeures
Donnoit le plus beau jour qu’eut jamais l’univers.
La terre en devenoit plus belle et plus féconde ;
Flore brilloit de toutes parts ;
Et Cérès à la tresse blonde
Déployoit ses trésors dans les plaines épars ;
Mille soleils nouveaux étinceloient dans l’onde.
Il sembloit enfin que le monde
Vouloit par sa beauté mériter ses regards.
Ah ! C’est trop, s’écria la lune,
Tant de splendeur blesse mes yeux.
Le soleil prétend-il regner seul dans les cieux ?
D’une gloire qui m’importune
Il faut anéantir l’éclat injurieux.
Je veux par un coup de ma tête,
Apprendre au monde qui je suis :
C’est déja moi qui fais les belles nuits ;
Faisons-nous un droit de conquête
De donner aussi les beaux jours.
Le soleil est de trop ; c’est assez de mon cours,
Ce qu’elle projettoit, la folle l’exécute :
Elle se va placer entre nous et Phoebus ;
Lui livre le combat. Mais quoi ! De cette lutte
Quel fut le fruit ? En brilla-t-elle plus ?
Au contraire, cette avanture,