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Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/150

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Nous autres inventeurs de fables
Nous avons droit pour orner nos tableaux,
Et sur le vrai-semblable, et même sur le faux.
Nous pouvons, s’il nous plaît donner pour véritables
Les chimeres des temps passés.
Un fait est faux ; n’importe ; on l’a cru ; c’est assez
Phenix, sirenes, sphinx, sont de notre domaine.
Ce naturalisme menteur
Sied bien dans une fable ; et le vrai qu’il amene
N’en perd rien aux yeux du lecteur.
Mais, quoi des vérités modernes
Ne pourrons-nous user aussi dans nos besoins ?
Qui peut le plus, ne peut-il pas le moins ?
Les plines d’autrefois, ce sont les subalternes ;
Ceux d’aujourd’hui, voilà les bons témoins.
Ils sçavent rejetter l’opinion commune