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Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/165

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Moi, dit la mort, j’abats ce que je trouve.
Qu’y faire, si Minos réprouve
Tous les humains que moissonne ma faux ?
Quelle part ai-je à leurs défauts ?
Oüi, vous dis-je, c’est vôtre faute ;
Vous les frappez, sans vous montrer.
Tenez-leur la bride plus haute ;
D’une utile frayeur sçachez les pénétrer ;
Guérissez-les de la longue espérance ;
Vous verrez changer cette engeance :
Et par plaisir, essayez ces moyens ;
L’Elisée en aura bien-tôt des citoyens.
Volontiers, dit la mort. Alors d’un pas rapide,
Au milieu d’une ville elle va se loger ;
Fait trembler le plus intrépide ;
Se montre à tous, ne les laisse songer
Qu’au glaive pendu sur leur tête.
Plus de jeux, plus de folle fête ;
Le squelette à toute heure est présent à leurs yeux,
Leur prêchant le devoir et la crainte des dieux.
Tout prit bien-tôt une face nouvelle.
Le magistrat fut juste, et le prêtre fut saint ;
Le mari sage et la femme fidelle,
L’enfant soûmis. C’est la faux que l’on craint,
Il est vrai ; mais la crainte amena la sagesse ;
Par ses propres appas elle se fit aimer.
Cette ville devint celle que dans la Grece