Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/191

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LION RENARD ET RAT

Le lion et le tigre ayant eu longue guerre,
Le lion enfin fut vainqueur.
Devant lui se taisoit la terre ;
Et le monde animal reconnut son seigneur.
De chaque espéce aussi-tôt on députe,
Pour aller rendre hommage au roi.
Ainsi qu’un autre Ulisse après quelque dispute,
De harangueur le renard eut l’emploi.
Il loüa donc sa majesté lionne ;
Lui dit que son front seul méritoit la couronne ;
Que semblable à Jupin, qui sur son trône assis,
Ébranle tout le ciel quand il meut ses sourcis,
Du mouvement de sa criniere,
Lui lion, il faisoit trembler la terre entiere ;
Puis, du petit au grand, vient du grand au petit ;
Lui dit qu’il n’a de loi que son seul appetit ;
Que pour son souverain chaque espéce l’avouë ;
Qu’ils sont ses fidéles vassaux ;
Et qu’il peut se joüer des autres animaux,
Comme du rat le chat se jouë.
Le trait déplut au rat qui même en fit la mouë.
Sire lion trouvant que renard disoit d’or,