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Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/193

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PLUTON ET PROSERPINE

Dès que l’ardent Pluton eut ravi Proserpine,
Cérès en jetta les hauts cris.
Pour s’en plaindre, elle vôle aux célestes lambris :
Jupin, souffriras-tu que Pluton m’assassine ?
Je perds ma fille ; hélas ! Si ce bien m’est ôté,
Ôte-moi donc aussi mon immortalité.
Votre affaire est embarassante,
Répondit Jupin à Cérès ;
Ce cadet-là n’a pas l’humeur accomodante ;
Il tient bien ce qu’il tient : mais calmez vos regrets :
Afin d’avoir la paix dans ma famille,
J’imagine un traité que le sort scellera.
Que six mois de l’année il garde votre fille ;
Et les six autres mois pour vous elle vivra.
Voilà mon arrêt ; toi, Mercure,
Va le porter au dieu des morts.
L’huissier céleste part, arrive aux sombres bords ;
Instruit Pluton. L’arrêt excite son murmure.
Quoi, mon frere, dit-il, attente à mes desirs !
Prétend-il donc me tailler mes plaisirs ?
Nous lui laissons ses biens ; qu’il nous laisse les nôtres.
Je n’aurois que six mois cette chere beauté !