Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/208

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LES DEUX DANDINS

À Caën pays de sapience,
Vivoient Messieurs Dandins avocats, pere et fils.
Le pere consultoit ; le fils à l’audience
Endormoit quelquefois Thémis.
Qui l’eût cru d’une ame normande ?
Le pere accommodoit les anciens procès ;
Il sauvoit aux plaideurs les dépens et l’amende ;
Le fils admiroit ses succès :
Mais à ses gains encor il portoit plus d’envie.
C’étoit de jour en jour nouveau remerciment ;
L’un lui devoit les biens, l’autre devoit la vie ;
La poule et le ducat au bout du compliment.
Le fils affriandé, sur les traces du pere,
Se met en train de tout accommoder.
Ami de l’un, et de l’autre compere,
Il veut guérir, dit-il, les normands de plaider.
Déja sur la moindre querelle,
Il assemble les contestans,
Leur prêche la paix fraternelle :
Déteste des procès la longueur éternelle :
Ennuis, chagrins, travaux, ruine au bout du tems.
Bien prêché, dit une partie ;
Mais Pierre est un fripon, monsieur.
Les fripons sont