Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/225

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Sur sa figure pathétique
Nos ligués font serment de demeurer unis.
Du zéle de la république
Contre tout intérêt les voilà bien munis.
De ce pas nos héros partirent,
Trouvent un sanglier, l’attaquent, le déchirent ;
Il n’est plus question que de le partager.
C’est le point délicat. Nos gens se désunirent.
Moi disoit l’un, j’en veux manger
Ma grosse part : j’ai renversé la bête.
L’autre, c’est moi qui viens de l’étrangler.
Pour ceux-ci, qui de loin ont regardé la fête,
Pensent-ils par se régaler
Comme les plus vaillans ? Qu’ils jeunent ; à la quête
Pour leur compte ils peuvent aller.
Tant fut dit, que le feu leur montant à la tête,
Les voilà furieux, combatans pour les parts.
De moment en moment s’accroît leur barbarie ;
La farouche Bellone et l’implacable Mars
Irritant encor la furie,
De carnage et de sang repaissent leurs regards.
Ce champ au peuple chien fut une autre pharsale
Où n’écoutant qu’une rage brutale,
Parens contre parens, chacun se disputa
Le sanglier dont aucun ne tâta :
Car, tandis qu’en ce choc leur fureur se déploye,
Que de s’entretuer ils se donnent la joye,