Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/230

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LES GOURMETS

Mais n’est-il pas aussi des goûts sûrs ? Oüi sans doute :
Ils sont rares ; mais il en est.
Heureux qui les rencontre ! Heureux qui les écoute !
Plus heureux encor qui leur plaît !
Travaillons-y, quoiqu’il en coûte.
Sur un vin frais cuvé le maître d’un logis
Tenoit conseil, interrogeoit son monde ;
La tasse couroit à la ronde ;
Il vouloit que chacun en donnât son avis.
L’un le goûtant à vingt reprises,
Très élegamment décidoit
Qu’il étoit fait exprès pour les tables exquises ;
Un autre en l’avalant opinoit du godet.
Ce vin tout d’une voix vaut la liqueur suprême
Dont les dieux s’enivrent là-haut :
On eût défié Bacchus même
D’y trouver le moindre défaut.
Arrivent deux gourmets, docteurs en l’art de boire,