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LE CHEVAL ET LE LION

Doutez, mortels, doutez ; car vous ne sçavez rien.
Je ris, quand je vous vois prendre l’affirmative ;
Je ris quand je vous vois tenir la négative :
Doutez, vous dis-je encor ; cela seul vous sied bien.
Point de questions décidées ;
Vous n’avez qu’un petit cerveau,
Où voltigent quelques idées
Qui ne sont pas du vrai l’infaillible flambeau.
Il est ailleurs un océan immense
De vérités qui ne vous luisent point ;
Et votre être même est un point
Que vous sentez sans connoissance.
Après cela, pourriez-vous bien
En croire sur le reste un orgueil qui vous flate ?
Apprenez seulement ce que sçavoit Socrate :
Sçachez que vous ne sçavez rien.
Certain cheval natif de la Norvege
Voyageur d’inclination,
Étoit sorti de son climat de neige