LE FESTIN DU LION
Le lion, en bon roi, voulut traiter sa cour.
Il n’étoit pas comme ces rois de l’Inde,
Qu’on ne voit point, qui craignent le grand jour,
Et dont la majesté sur la terreur se guinde :
Assuré de la crainte, il vouloit de l’amour.
On s’assemble à son antre, où la table est servie,
Ses cuisiniers avoient mis là leur art ;
Chevres, bonne volaille, et moutons gras à lard ;
Bref, du côté des mets, odeur qui fait envie,
Grand appetit de l’autre part.
Sire lion prend donc sa place ;
Princes tigres après ; puis milords sangliers,
Et les ours à l’informe masse ;
Un cerf et quelques loups se placent les derniers :
Bien entendu que de chacune espéce
Les dames se mêlent entr’eux ;
Car pour les ris et pour les jeux,
Que servent bonne chere et bon vin sans maitresse ?
Je dis bon vin, puisqu’il n’y manquoit pas.
Le singe les servoit, échanson du repas
Ce fut lui qui les mit en joie,
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