Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/295

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LES GRACES

Les graces, bonnes sœurs, goûtoient les sentimens
De l’amitié la plus unie.
L’émulation d’agrémens
Entr’elles un beau jour sema la zizanie.
Chacune prétendit qu’elle plaisoit le plus ;
Qu’à ses yeux seuls les cœurs rendoient les armes,
Et que pour lui prêter des charmes,
Elle suffisoit à Venus.
Je n’en veux d’autre juge qu’elle,
Dit alors Euphrosine avec un ris jaloux.
Soûmettons-lui nos droits ; qu’elle nomme entre nous
La plus aimable et la plus belle :
Mais promettez, mes sœurs, de souscrire à l’arrêt.
Souscrivez-y vous-même, s’il vous plaît,
Lui répondit Thalie effarouchée
De la voir trop compter sur le gain du procès :
J’en vois d’ici la plus fâchée.
Allons, dit Aglaé ; voyons-en le succès.
On avertit Venus de ce nouveau caprice.